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a rien de plus nourrissant ! — voilà pourquoi la physionomie de Mme Fips a toujours hanté les rêves de Footit, et pourquoi chaque fois qu’il a dû, pour quelque pantomime, se grimer en vieille dame, tout naturellement, inconsciemment presque, il a imité le bonnet, et les lunettes, et les anglaises encadrant la figure, et la façon de s’habiller, et la démarche, et les attitudes, et les tics de la respectable et redoutable Mme Fips.

Ah ! du moins, les vacances délicieuses que, loin de Mme Fips, de ses œuvres et de ses puddings passait alors le jeune Footit !

Pendant ces mois d’été, qui sont les mois de vacances, le cirque paternel ne séjournait pas à Manchester ; on allait de ville en ville, au gré d’une tournée fructueuse, mais aventureuse ; si bien que, la première année, le prévoyant M. Fips, ne sachant où diriger exactement son jeune élève, et dans la crainte que, de l’adresse qu’on lui avait indiquée, le cirque de M. Footit ne fût peut-être parti, — le prévoyant M. Fips avait mis le petit Footit dans le train à Nottingham, avec, suspendue autour du cou, une petite pancarte sur laquelle il avait écrit de sa plus belle ronde : Footit great allied circus.

Et sans doute l’homme de cheval qui dormait au fond du régent d’Arnold College enviait, à part lui, l’heureux collégien qui, pendant deux mois, pourrait se livrer réellement aux joies profondes de l’équitation : et le doux M. Fips s’en revenait de la gare en faisant tourner sa cravache avec plus de mélancolie…

Le meilleur temps des vacances du jeune Footit était en effet consacre à