Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mieux se promener dans la campagne que de rester enfermé dans sa classe, — il avait, proprement, une âme virgilienne.

Ce sont ces goûts bucoliques qui l’avaient poussé à créer, à Arnold College, un cours de jardinage.

Il était attribué à chaque élève un petit carré de jardin que chacun ensemençait, plantait, cultivait et ornait à sa guise ; une vive émulation régnait entre tous ces jeunes jardiniers, car il était entendu que les plus belles fleurs seraient choisies par Mme Fips, pour les corbeilles de son salon, et quant aux légumes, le plus grand honneur était qu’ils fussent reconnus dignes de figurer sur la table, par la cuisinière.

C’était donc à qui se ferait acheter et envoyer par sa famille les graines les meilleures, les plantes les plus rares : un fuchsia superbe, que son père lui expédia de Manchester, valut une année, à Footit, le prix de jardinage ; — la vérité nous oblige à ajouter que c’est le seul prix que Footit ait remporté, durant les quatre ans qu’il demeura à Arnold College.

Il y avait cependant un autre cours auquel le jeune Footit s’appliquait avec une assiduité méritoire : c’est le cours de couture que, deux fois la semaine, professait l’excellente Mme Fips en personne.

Des esprits mesquins et mal tournés prétendront peut-être qu’en enseignant à ces jeunes gens à repriser leurs chaussettes et à recoudre les boutons de leurs chemises, Mme Fips poursuivait surtout une économie de lingères ?