fois pour toutes et qui ne se déterminent pas au poids.
C’est ici que le bon sens risquerait d’être pris en défaut, si on lui attribuait un rôle au-dessus ou au-dessous de ses moyens ; le rôle du bon sens est d’une sorte de contrôleur des poids et mesures ; mais semblable contrôle ne s’exerce que sur ce qui se pèse ou sur ce qui se mesure. Il n’y a pas une balance automatique, une toise officielle et réglementaire du bon sens, auxquelles il suffirait de soumettre, pour les éprouver, nos désirs et nos actes, nos pensées et nos sentiments.
Nous savons qu’il y a une heure, une minute précise où le soleil se lève, une heure, une minute précise où il se couche : le jour commence aux premières, et la nuit aux secondes ; mais la lumière les attendra-t-elle, où l’obscurité — lumière et obscurité dépendront-elles strictement d’elles seules ?
Il y a le lever et le coucher du soleil, mais il y a aussi l’aube et le crépuscule, il y a ces nuances incertaines du ciel qui ne sont plus le jour et pas encore la nuit, qui sont comme des franges d’obscurité ou de lumière…
La raison a ses franges, et la déraison. Et les limites du bon sens et de l’extravagance ne s’arrêtent pas à un poteau frontière ; elles comportent une zone neutre, comme, à certaines heures, le soleil a son halo.