Ce conte existe-t-il vraiment, est-il vraiment un conte arabe ? Sa moralité, en tout cas, n’est pas spéciale à l’Arabie, mais les conteurs arabes ont tant d’imagination et de sagesse, que l’on peut toujours, sans invraisemblance, imaginer que leur sagesse avait imaginé aussi le conte que voilà.
Que ce conte existe ou non, l’égalité n’existe pas, voilà qui n’est pas un conte. Ou si elle existe, c’est sous l’aspect de ces pendants de cheminée, que l’on pouvait voir, en effet, dans les familles bourgeoises, aux alentours de 1848, date, il est vrai, d’une révolution et d’une république.
De ces flambeaux à pendeloques de cristal, et à motifs mythologiques de bronze doré, qui se firent pendant sur les cheminées républicaines, combien en demeure-t-il encore, cependant, qui n’aient pas été dépareillés par la maladresse d’un domestique, ou les nécessités des successions ?
Il a bien fallu en prendre son parti, comme de toutes choses ; et devant l’inégalité de toutes choses, n’a-t-on pas raison de dire qu’il faut se faire une raison ?
Tout ce que nous pouvons demander au bon sens sur ce chapitre, c’est de nous ménager une humeur égale. La seule égalité dont il réponde, c’est l’égalité de caractère ; la seule égalité dont, avec lui, nous soyons les maîtres, c’est l’égalité d’esprit.