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118 LES CURE-DENTS SE SOUVIENNENT ET CHANTENT Mais ce songe n’ost que mensonge: Le dîneur affamé nous ronge, Eternellement taillés et retaillés, comme des ongles.

Et parfois le bourgeois en joie S’offre le régal royal d’une oie: Et nous retrouvons, dans le repaire de ses molaires, La chair,dont il fit sa chère, qui nous est chère.

Alors il nous souvient Des jours anciens, Et du soir d’automne, où, quelque servante accorte Pluma notre pauvre mère, devant une porte;

« En fermant les yeux je revois « L’enclos plein de lumière, « La haie en fleurs,le petit bois, « La ferme et la fermière... "

(Gomme l’a dit si poétiquement Hégésippe Moreau.)

Sur les tables des restaurants à prix modiques, Nous sommes les pauvres cure-dents mélancoliques.