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Et la Sarre, et la Meurthe, à mes yeux attentifs,
Offriront le berceau de leurs flots fugitifs.
La Saône, plus tranquille et plus lente en sa course,
Dispense à d’autres lieux les trésors de sa source,
Et ses flots, retenus par un charme secret,
Au Rhône impatient vont s’unir à regret.
Nayades de nos bords, vos ondes égarées
Courent vivifier de lointaines contrées.
Précipitez leurs cours. Mes regards empressés
S’arrêtent aux sommets des monts où vous naissez.

D’un spectacle si grand que ma vue est saisie !
Tous ces monts chevelus règnent sur l’Austrasie,
Et de leurs noirs sapins la sombre majesté,
Protège un peuple, heureux dans sa simplicité.
Le Rhin coule à leurs piés. Leur éternelle masse
Touche aux bords applanis de la fertile Alsace.
Je les vois, couronnant le Suisse belliqueux,
S’étendre au mont Jura, qui s’allie avec eux.
Le Donnon, qui s’élève au milieu de la chaîne,[1]
La domine, du tiers de sa tête hautaine,
Et, par un double rang de rochers entassés,
Presse ces boulevards l’un sur l’autre exhaussés.
Que mes sens sont émus ! que d’augustes merveilles
Enchantent mes regards, ou frappent mes oreilles !
L’horison, devant moi, soudain s’est prolongé,

  1. Le grand et le petit Donon, à l’orient de Senones, passent pour les plus hautes montagnes des Vôges. Le Donon a seize cents pieds d’élévation. Il en sort trois rivières. En celtique, Dunum, Dun, signifie une hauteur, la montagne par excellence.

    Le Balon, dont il sera parlé ensuite, a également deux sommets.