Page:François de Neufchâteau - Les Vosges, poème récité à Épinal, 1796.pdf/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
1

LES VOSGES,

poëme.


Eh ! quoi ! de la nature éloquent interprète,
Haller, homme d’état, philosophe et poëte,[1]
Aura chanté ces monts de neige tout couverts,
Ces antiques frimats, ce trône des hyvers,
Cet éternel rempart des Peuples Helvétiques !
Et de sa lyre d’or les sons patriotiques,
Et la palme qui suit ses immortels travaux,
De ses admirateurs n’ont pas fait ses rivaux !
Nous, que de leurs sommets les Vôges environnent,
Sous l’abri toujours verd des pins qui les couronnent
Garderons-nous sans cesse, à des objets si grands,
Des sens inanimés, des yeux indifférens ?

De la Moselle, ô vous, Nayades vagabondes,
Qui roulez au hazard le tribut de vos ondes,
Rendez, comme vos flots, mes vers majestueux.
Donnez-moi, pour vous suivre, un stile impétueux.
Que ces monts, dont la tête est voisine des nues,
Me laissent pénétrer sous leurs cimes chenues,
Et qu’à des yeux mortels il soit donné de voir
Des eaux que vous versez l’immense réservoir.
Filles de l’Océan, je verrai vos compagnes
S’élancer, comme vous, du sein de nos montagnes.

  1. Le célèbre Haller, membre du Conseil souve­rain de Berne, a fait en allemand, un poëme des Alpes, qu’on a traduit plusieurs fois en français.