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Mais toute la réponse que je lui fis,

Fut d'annoncer la mort et d'elle et de son fils.

L'AMBASSADEUR

Quel effroi lui donna cette mort annoncée ? 1810 Elle en devait mourir de la seule pensée.

GERMAINE

.

Au contraire, son cour me fit voir sa vertu,

S'affermissant aux coups dont il fut combattu,

Voici ce que j'ouïs de sa douce parole ;

Ma fille, il ne faut pas que mon bien vous désole ; 1815 Ce n'est pas d'aujourd'hui que je meurs sans mourir,

Reculant de mon bien, à faute d'y courir.

Tous mes maux finiront en un mal qui les ferme,

Et mes morts trouveront en cette mort leur terme.

Puis donc que tous mes maux et mes morts sont au point 1820 De voit bientôt leur fin, ne vous affligez point.

Les auteurs de ma mort m'exemptent du dommage

Que j'aurais à souffrir et mourir davantage ;

Si vous m'aimez, il faut que votre affection

Vous fasse réjouir de cette exemption. 1825 Pour soutenir l'honneur j'ai été combattu,

C'est en lui que je vis, c'est pour lui qu'on me tue.

Tout ce qui semblerait se devoir regretter,

C'est la mort d'un enfant qui commence à téter :

Mais Dieu l'a revêtu d'une vertu si mâle ; 1830 Lui donnant par ma main la grâce baptismale,

Que ce qu'il devait vaincre, alors il l'a vaincu,

Et depuis pour combattre il n'a que trop vécu.

Dieu ne me l'a prêté qu'afin de le lui rendre ;

Je le fais de bon cour, c'est à lui de le prendre : 1835 Il en est le vrai père, et fera, s'il lui plaît,

Qu'il recevra sa vie en lui ôtant mon lait.

Madame en ce discours qu'elle tint d'une haleine,

N'employait ses efforts qu'à me tirer de peine.

Mais lors me regardant d'un visage serein,