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sans cesse

Ils rencontrent le chien de la pauvre Princesse.

Sa vue les surprit, et d'un prompt changement

Leur fournit le moyen de leur dégagement.

Pour éviter deux morts avec une mort seule, 1710 Ils tuèrent cette bête, et déchirant sa gueule

Lui arrachant la langue, et par un faux semblant

La portent à Golo dans un mouchoir sanglant.

À ce rapport trompeur qui frustra son attente,

En cet objet de sang sa rage fut contente.

CLOTILDE

1715 Laissons-là ce démon, le désir que je sens

Est d'apprendre la fin de ces deux innocents.

HENRY

Hélas !

OTHON

Hélas ! Les Loups, les Ours ont dévorée

Au fonds de la Forêt cette proie égarée.

CLOTILDE

Mon Dieu ! Que dites-vous ?

OTHON

Puisqu'en tous ces quartiers 1720 On n'en n'a rien appris depuis sept ans entiers,

Il serait tout certain qu'ayant souffert l'injure

D'une privation de toute nourriture,

Que leurs membres tous nus aux changements divers

Du chaud de sept Étés, au froid de sept Hivers : 1725 Leurs corps si délicats d'une vigueur si tendre.

Déjà depuis longtemps seraient réduits en cendre,

S'il n'était bien plus vrai que tous les animaux

Qui courent dans le bois eussent fini leurs maux.

Il est clair à les voir logés à l'aventure 1730 Marchant par les halliers et couchant sur la dure,

Saisis de chaud, de froid, et privés d'aliments,

Qu'à leurs plaintes, leurs cris, et leurs gémissements :

Et les Loups et les Ours courant à leur curée,

Leur ont donné la mort qu'ils se sont procurée.