sans cesse
Ils rencontrent le chien de la pauvre Princesse.
Sa vue les surprit, et d'un prompt changement
Leur fournit le moyen de leur dégagement.
Pour éviter deux morts avec une mort seule, 1710 Ils tuèrent cette bête, et déchirant sa gueule
Lui arrachant la langue, et par un faux semblant
La portent à Golo dans un mouchoir sanglant.
À ce rapport trompeur qui frustra son attente,
En cet objet de sang sa rage fut contente.
1715 Laissons-là ce démon, le désir que je sens
Est d'apprendre la fin de ces deux innocents.
Hélas !
Hélas ! Les Loups, les Ours ont dévorée
Au fonds de la Forêt cette proie égarée.
Mon Dieu ! Que dites-vous ?
Puisqu'en tous ces quartiers 1720 On n'en n'a rien appris depuis sept ans entiers,
Il serait tout certain qu'ayant souffert l'injure
D'une privation de toute nourriture,
Que leurs membres tous nus aux changements divers
Du chaud de sept Étés, au froid de sept Hivers : 1725 Leurs corps si délicats d'une vigueur si tendre.
Déjà depuis longtemps seraient réduits en cendre,
S'il n'était bien plus vrai que tous les animaux
Qui courent dans le bois eussent fini leurs maux.
Il est clair à les voir logés à l'aventure 1730 Marchant par les halliers et couchant sur la dure,
Saisis de chaud, de froid, et privés d'aliments,
Qu'à leurs plaintes, leurs cris, et leurs gémissements :
Et les Loups et les Ours courant à leur curée,
Leur ont donné la mort qu'ils se sont procurée.