Non, Madame, tous deux avons fait cet office,
Chargés également d'une même injustice.
Comment ?
, à Othon
Mon cher Othon, venez à mon secours, 1680 Parlez : car mes regrets étouffent mon discours.
Madame, au sentiment des douleurs qu'il endure,
Henry m'a fait savoir cette étrange aventure.
Il m'a donc raconté par des tristes accents,
La pitoyable fin de ces deux innocents ; 1685 Qu'au dessein résolu de leur laisser la vie,
Comme la mère eût dit qu'elle en était ravie
Pour son fils : car pour soi elle aurait souhaité
De voir d'un mal dernier tout son mal arrêté.
Promettant s'éloigner pour se rendre inconnue, 1690 Ces meurtriers ravisés, la quitte toute nue :
Mais au retour émus d'un souvenir mordant
De l'ordre rigoureux donné par l'Intendant,
Qu'ils s'étaient engagés, pour rendre témoignage
D'avoir exécuté cet horrible carnage : 1695 Qu'ayant privé la mère et le fils du tombeau,
Et jeté leurs deux corps dans le courant de l'eau,
Ils lui rapporteraient la langue de la mère :
Et faute de l'avoir, redoutant sa colère,
Les voilà résolus à tourner sur leurs pas, 1700 Pour assurer leur vie en causant ce trépas.
Voici le coup de mort, je vois ce sang qui coule,
Afin que l'Intendant s'en abreuve et s'en saoule.
Cependant Dieu voulut qu'étant en cet état
De retourner au sang, leur fureur s'arrêtât 1705 Par un cas merveilleux, comme ils courraient