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De parler, en voyant Golo discrédité,

Aux plaintes qu'ils feront des injures souffertes,

Ses malversations vous seront découvertes.

SIFROY

C'est un parfait avis : mais puisque nous voici, 940 Je vous prie, Monsieur, de me rendre éclairci

Du récit de Clotilde, et de l'histoire entière

Des déclarations que fit cette Sorcière

L'AMBASSADEUR

Seigneur, très volontiers, j'ai un désir ardent

De vous entretenir sur ce triste accident. 945 Je courais par la Lande où cette fausse femme

Rendit au feu son corps, comme à l'Enfer son âme,

Quand je me vis contraint par le déclin du jour,

D'achever ma journée en son ancien séjour.

Là surpris de trouver la bourgade alarmée, 950 Au travers d'une épaisse et puante fumée

J'en demandé la cause, et le peuple m'apprit

Que cette malheureuse avait rendu l'esprit

Dans les feux d'un bûcher, et que depuis cette heure

Ce brûlement fumeux infectait leur demeure. 955 Tout ce bruit éveilla ma curiosité,

Pour savoir pleinement l'Arrêt exécuté.

Je visitai le Juge, et lui (sur mes instances)

Me fit voir le Procès avec les circonstances.

SIFROY

Il n'en faut plus douter ayant pris tous ses soins ; 960 Votre rapport, Monsieur, me vaut mille témoins.

Et bien ?

L'AMBASSADEUR

De mes deux yeux je lus les maléfices

Pour lesquels elle avait mérité ses supplices :

Les ravages des champs procurés et produits,

Les désordres de l'air, les battures des fruits ; 965 La perte des enfants, l'avortement des femmes ;

Les blâmes imposés aux plus illustres Dames.