Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

CLOTILDE

Oui, Seigneur, sa Gertrude

Y survint par bonheur, et je crois fermement

Que sans elle il m'eût fait un mauvais traitement.

SIFROY

Un mauvais traitement ?

CLOTILDE

En sa belle équipée

Sans ce présent secours j'aurais été frappée.

SIFROY

915 Vous, chez vous, l'insolent l'aurait-il bien osé.

CLOTILDE

À me couvrir la joue il était disposé

Quand Gertrude survint, qui se sentant piquée

Que chez moi (sans respect) Golo m'eût attaquée,

Lui dit des mots fâcheux afin de le toucher ; 920 Mais comme elle criait jusqu'à lui reprocher

Qu'il était un trompeur, et qu'il l'avait fourbée.

La voyant en ce train je me suis dérobée

Pour vous prier, Seigneur, que Rodolphe aille voir

Ce désordre chez lui avec soin d'y pourvoir.

RODOLPHE

925 Je vous requiers, Seigneur, quelque ordre juridique,

S'il vous plaît d'apaiser ce trouble domestique.

SIFROY, remettant son présent à

RODOLPHE

Tiens, emporte ce don pour gage de ma foi,

Mets-le dans mon trésor ; puis retournant chez toi,

Fais marcher mon Prévôt, et dis-lui qu'il arrête 930 Ce braveur, et me soit répondant de sa tête :

Qu'il l'enferme en la Tour qu'en ma propre maison

Lui-même a fait servir autrefois de prison.

Va, ne perds point de temps, et pour ton assurance

Cette bague pourra te servir de créance.

Il lui donne sa bague, que Rodolphe prend et s'en va.

L'AMBASSADEUR

935 Seigneur, quand vos Sujets auront la liberté