750 M'adresse ses faveurs avec trop de largesse :
Mais ce que j'en reçois de meilleur traitement,
Est qu'elle se contente en mon contentement.
Je cours à petit train, ma marche est inconnue,
Et Rodolphe tout seul peut savoir ma venue. 755 Notre ancienne amitié rajeunit aujourd'hui,
Je crois me voir chez moi quand je me vois chez lui.
Monsieur, j'en suis ravi, Clotilde en est ravie.
Tu jouis d'un bonheur auquel je porte envie.
Si le Ciel l'eût voulu, cet honneur m'était dû, 760 Ton bonheur a gagné le bien que j'ai perdu.
Je suis pourtant joyeux, puisque le Ciel m'en prive,
Sachant ta loyauté, de savoir qu'il t'arrive.
Seigneur, j'en suis indigne, et vous reste obligé
De toutes vos faveurs dont je suis surchargé.
SIFROY, à
765 Or sus ouvrons nos cours, parlons en confiance.
Je vous offre, Seigneur, les respects de la France.
Charles-Martel, mon Prince, au soin de maintenir
Le glorieux honneur de votre souvenir,
M'envoie à vous, afin qu'entre vous deux je brigue 770 Envers et contre tous une puissante ligue,
Pour faire qu'en vertu d'un ferme compromis,
Tous vous soient en commun, amis et ennemis.
Sans doute vous avez des lettres de créance ?
J'en ai ; mais j'ai osé pour une plus grande assurance 775 De l'acquit que je fais de ma commission,
Vous parler de mon Prince et de sa passion ?
Quoique bien embouché j'ai pris des lettres closes,
Par elles et par moi vous savez toutes choses.