En souffrant ici-bas doit être mérité.
Le chemin pour aller ç ces faveurs divines 630 Est parsemé de croix, de ronces et d'épines
Et c'est celui par où mon Fils même voulut
Te montrer comme il faut marcher à son salut.
Ne veux-tu rien souffrir ?
Ma Princesse, ma Reine,
Faites-moi tout souffrir, n'épargnez plus ma peine, 635 Pour ces contentements je veux tout endurer,
L'Enfer me serait doux les pouvant espérer.
LA VIERGE.
Suis mon Fils.
Je ne veux que marcher à sa suite
Conduisant Bénoni.
LA VIERGE.
Laisse m'en la conduite,
J'en veux avoir le soin, en prenant ce chemin, 640 De Bénoni qu'il est, il sera Benjamin :
Mais pour t'encourager au cours que tu dois faire,
Jette souvent les yeux sur ce bel exemplaire
Que tu tiens en tes mains, considère le cours
Qu'a tenu cet objet de mes tendres amours. 645 Vois-tu ce corps sanglant couvert de meurtrissures ?
Peux-tu lui comparer les maux que tu endures ?
Offre ton sang au sien, c'est pour lui qu'il l'offrit :
Souffre pour ton salut, c'est pour lui qu'il souffrit.
Garde bien ce Portrait ; va, contemple et révère 650 Et l'image du Fils la face de la Mère.
Elle disparaît.