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C'est en toi que parfois mon innocence plaide

Contre mes maux soufferts en m'y voyant si laide.

Se mirant à la Fontaine.

Le monde m'a repu des Noms de vanité,

De Miroir, de Phonix, de Soleil de beauté. 505 Ce qu'il disait est faux, mon oil le désavoue :

Quelle bouche, quel front, quel menton, quelle joue ?

Je me vois en ton cours, mon lustre a fait son flux

Comme ton eau coulée, et ce qui fut n'est plus.

Geneviève ne voit en cet hideux ombrage [ 6 ] 510 Que le grossier crayon de son premier visage.

Je fus bien autrefois ; mais j'ai les yeux confus

De ne voir rien en moi de tout ce que je fus.

La Vierge paraît sur un Rocher à côté de la Fontaine.

Mais quel objet nouveau, quelle ombre en la Fontaine

Du fonds de son Bassin vient entendre ma peine : 515 Quelle autre habiterait dedans cette Forêt,

Elle est en mouvement, elle prend son arrêt :

C'est l'ombre d'une femme, ô quelle différence

De la mienne à la sienne en sa belle apparence !

Quelle façon d'honneur ? Quel port de majesté ? 520 Quel lustre de maintien ? Quel éclat de beauté ?

Elle me tend la main dont presque elle me touche,

Elle a les yeux sur moi, elle m'ouvre sa bouche.


Scène IV

La vierge élevée en un gazon, sur le rocher qui joint la fontaine,

Geneviève

LA VIERGE.

Geneviève ?

GENEVIÈVE

Elle parle, est-ce au fonds de cette eau.

LA VIERGE.

Geneviève ?

GENEVIÈVE