Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un étrange accident lui était survenu ;

Que sur la fin du jour en passant par la Lande 240 Où vivait autrefois cette fameuse Urgande,

Qui d'une obscure nuit faisait un jour luisant,

Qui rendait l'avenir et le passé présent,

Qu'on tenait Prophétesse, et dont la Prophétie

Consistait au Bassin de son Hydromancie, 245 Où dans un petit rond on voyait l'Univers

Avec tous ses secrets pleinement découverts.

Il sut qu'ayant été jugée pour Sorcière,

Les flammes d'un bûcher l'avaient mis en poussière,

Et que devant la mort d'un sens froid et remis 250 Elle fit le récit de ses forfaits commis ;

Mais celui d'entre tous qu'elle estimait le pire,

Est, est, est.

SIFROY

Achevez.

CLOTILDE

Je crains de vous le dire.

SIFROY

Vous craignez ? Devez-vous me le faire savoir ?

CLOTILDE

Je le dois.

SIFROY

Postposez votre crainte au devoir.

CLOTILDE

255 Est qu'en des spectres feints par un vain assemblage,

Elle vous abusa d'un faux concubinage.

SIFROY

Moi ?

CLOTILDE

Oui, vous-même.

SIFROY

Ô Dieu ! Suis-je pas un damné

De m'être associé d'un Démon incarné ?

Pensais-je de pouvoir par un fait détestable, 260 Tirer des vérités de la bouche d'un diable ?

Ma Geneviève, hélas !

{{Personnage|CLOTIL