Seigneur, Charles-Martel de Prince des Français,
Par un Ambassadeur de marque et de mérite, 120 Chargé d'un grand présent vous vient rendre visite.
Je suis en pauvre humeur pour le bien recevoir ;
Si faut-il m'efforcer à faire mon devoir.
Il y a plus d'un mois que je sais son voyage,
Et même on m'en promet quelque grand avantage 125 Mais on ne peut charger mes malheurs obstinés
Que de biens tard venus et de fruits surannés.
Comment l'a-t-on reçu ?
Il veut sans bruit d'entrée
Passer comme inconnu dedans cette contrée :
Mais nos derniers exploits contre les Sarrasins 130 Ayant toujours rendu nos logements voisins,
Il me traite d'ami, et ma maison pourvue
Lui paraît assez bonne attendant votre vue.
Quel présent disais-tu qu'il me vient apporter ?
C'est celui qu'un grand Prince a lieu de souhaiter 135 L'instrument glorieux dont les mains nonpareilles
Du grand Charles-Martel ont fait tant de merveilles ;
Ce Glaive foudroyant auquel la Chrétienté
Doit son entier repos avec sa liberté,
Qui des États Français abreuva les campagnes 140 Du sang des Sarrasins survenus des Espagnes,
Qui les chassa partout et défit à milliers
Avec un peloton de braves Cavaliers,
Et d'un combat sanglant affranchit la Couronne,