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RODOLPHE

Seigneur, Charles-Martel de Prince des Français,

Par un Ambassadeur de marque et de mérite, 120 Chargé d'un grand présent vous vient rendre visite.

SIFROY

Je suis en pauvre humeur pour le bien recevoir ;

Si faut-il m'efforcer à faire mon devoir.

Il y a plus d'un mois que je sais son voyage,

Et même on m'en promet quelque grand avantage 125 Mais on ne peut charger mes malheurs obstinés

Que de biens tard venus et de fruits surannés.

Comment l'a-t-on reçu ?

RODOLPHE

Il veut sans bruit d'entrée

Passer comme inconnu dedans cette contrée :

Mais nos derniers exploits contre les Sarrasins 130 Ayant toujours rendu nos logements voisins,

Il me traite d'ami, et ma maison pourvue

Lui paraît assez bonne attendant votre vue.

SIFROY

Quel présent disais-tu qu'il me vient apporter ?

RODOLPHE

C'est celui qu'un grand Prince a lieu de souhaiter 135 L'instrument glorieux dont les mains nonpareilles

Du grand Charles-Martel ont fait tant de merveilles ;

Ce Glaive foudroyant auquel la Chrétienté

Doit son entier repos avec sa liberté,

Qui des États Français abreuva les campagnes 140 Du sang des Sarrasins survenus des Espagnes,

Qui les chassa partout et défit à milliers

Avec un peloton de braves Cavaliers,

Et d'un combat sanglant affranchit la Couronne,