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Par ce que tu feras et ce que je verrai.

Enfin, mon cher Golo, je n'ai plus le courage

Sous ce noir appareil de mon triste veuvage ; 65 Mon pauvre esprit n'a plus ni force ni vertu

Pour résister aux maux dont il est combattu.

Mes beaux jours ont couru ; mais leur beauté bannie

Me laisse le regret de leur course finie :

Tout plaisir me déplaît, mes objets les plus laids 70 Sont les plus beaux atours de mon ancien Palais :

En ses lustres pompeux ma maison désolée

Me paraît comme un vain et vide Mausolée :

Son appareil fardé se termine et ressort

À des spectres d'horreur et des ombres de mort ; 75 Ce grand corps de logis où j'ai perdu ma Dame,

Ma belle Geneviève, est un grand corps sans âme ;

Sa présence en faisait un corps de mouvement,

Et sa privation n'en fait qu'un Monument ;

Ces lambris croutés d'or, ces murs couverts de soie 80 Ne font que m'objecter la perte de ma joie :

Ces riches pavillons, ces magnifiques lits

Mes semblent des cercueils de corps ensevelis :

J'y reconnais partout mes ris changés en larmes,

Et n'ai que des rebuts aux attraits de ces charmes : 85 Où fut mon siècle d'or est mon siècle de fer,

Où fut mon Paradis n'est plus que mon Enfer.

Sache donc, cher Golo, que je suis las de vivre

Dans mes maux, dont je veux que ta main me délivre.

GOLO

Ma main ?

SIFROY

C'est cette main dont la fidélité 90 Peut rendre tout le cours de mes maux arrêté.

GOLO

Ma main ?

SIFROY

Oui ta main propre, attends que je m'explique,

Résous-toi seulement d'obéir sans