Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

seule chambre, séparée de ces quatre pièces.

Une garde nombreuse veillait à toutes les issues du corridor ; personne ne pouvait, même pour le service, le franchir sans être arrêté ou questionné. L’inspecteur de la salle des séances distribuait des cartes de laissez passer.

La première nuit que le Roi passa dans cette maison, le marquis de Tourzel et M. d’Aubier veillèrent au pied de son lit. Avant de s’endormir, il parla avec beaucoup de sang-froid de tout ce qui était arrivé.

— On regrette, dit le Roi, que je n’aie pas fait attaquer les rebelles avant qu’ils eussent forcé l’Arsenal ; mais, outre qu’aux termes de la Constitution, les gardes nationales eussent refusé d’être les agresseurs, que fût-il résulté de cette attaque ? Les mesures étaient trop bien prises pour que, ne quittant même pas le château des Tuileries, mon parti eût pu être victorieux.

Oublie-t-on qu’au moment où la commune factieuse fit massacrer M. Mandat, elle rendit inutiles les dispositions de défense qu’elle avait faites ?

En cet instant, des hommes placés sous les fenêtres demandèrent à grands cris la tête de la Reine.

— Que leur a-t-elle fait ? s’écria le Roi avec indignation.