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À l’instant, un second ordre fut expédié. Le Roi enjoignait aux Suisses d’évacuer le château, et à leurs chefs de se rendre auprès de lui.

Un courrier alla, en toute diligence, au devant d’une division de gardes suisses qui venait de Courbevoie, et lui porta l’ordre de rétrograder. En même temps, la Reine chargea un gentilhomme de rallier quelques gardes nationaux de bonne volonté, de courir avec eux au château, et de délivrer les dames et autres personnes qui y étaient enfermées. Aucun garde national ne voulut partager l’honneur de cette périlleuse commission.

Aux premiers coups tirés du château, les assaillants effrayés se dispersèrent ; ils se précipitèrent, par la porte royale, vers la place du Carrousel ; les canonniers abandonnèrent leurs pièces. En un moment les cours furent évacuées ; le pavé fut couvert de fusils, de piques, de bonnets de grenadiers, d’armes de toute espèce. Mais les fuyards, voyant que la force armée était peu nombreuse, qu’il y avait même de la division parmi la garde nationale, et qu’on ne les poursuivait pas, reprirent bientôt courage et revinrent à la charge.

Le canon tonna à coups redoublés, le feu éclata