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au sein du Corps législatif. Les jours de Votre Majesté, ceux de la famille royale, ne peuvent être en sûreté qu’au milieu des représentants du peuple. Sortez de ce palais, il n’y a pas un instant à perdre ! »

Le Roi différait de prononcer, la Reine témoignait la plus grande répugnance à se rendre auprès de l’Assemblée nationale. Quelques instants auparavant Sa Majesté avait dit à deux gentilshommes qu’elle honorait de sa confiance, le marquis de Briges[1] et le vicomte de Saint-Priest :

— Oui, j’aimerais mieux me faire clouer aux murs du château que de nous réfugier à l’Assemblée !

— Quoi, monsieur, dit-elle à Rœderer, sommes-nous totalement abandonnés ? Personne n’agira-t-il en notre faveur ?

— Madame, je le répète, la résistance est impossible. Voulez-vous donc vous rendre responsable du massacre du Roi, de vos enfants, de vous-même, en un mot des fidèles serviteurs qui vous environnent ?

— À Dieu ne plaise ! répondit la Reine. Que ne puis-je, au contraire, être la seule victime !

  1. Écuyer du Roi, mort pour la cause royale, sur l’échafaud.