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rante hommes chacune, les nombreux gentilshommes qui s’étaient réunis dans la galerie de Diane.

Ces gentilshommes, entassés dans cette pièce, quoiqu’elle fût vaste, avec les grenadiers du bataillon des Filles-Saint-Thomas, n’étaient armés que de leurs épées. Aussi, quoiqu’ils fussent bien décidés à défendre le Roi et à se faire tuer pour lui, on ne pouvait en attendre aucun secours décisif.

Entre quatre et cinq heures du matin, la Reine et Madame Élisabeth étaient dans le cabinet du Conseil. L’un des chefs de légion, M. de la Chenaye, qui périt aux massacres de septembre, entra :

— Voilà, dit-il aux deux princesses, voilà votre dernier jour ; le peuple est le plus fort : quel carnage il y aura !

— Monsieur, répondit la Reine, sauvez le Roi, sauvez mes enfants !

En même temps, cette mère éplorée courut à la chambre de M. le Dauphin. Je la suivis. Le jeune prince s’éveille, ses regards et ses caresses mêlèrent quelque douceur aux sentiments douloureux de l’amour maternel :

— Maman, dit M. le Dauphin en baisant les