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M. le Dauphin fit à la Reine le 21 juin. De nouveaux attroupements s’étaient formés dans les cours des Tuileries : « Maman, lui dit-il, est-ce encore hier ?… »

Peu de temps après cette journée, la Reine me fit venir. Instruite qu’on informerait sur les faits du 20 juin, elle avait prévu que je serais appelé en témoignage.

— Mettez dans votre déposition, me dit Sa Majesté, toute la réserve que permet la vérité. Oubliez, je vous le recommande de la part du Roi et de la mienne, que nous étions les objets de ce mouvement populaire. Il faut écarter tout soupçon que le Roi, ni moi, gardions le moindre ressentiment de ce qui s’est passé : ce n’est pas le peuple qui est coupable, et quand il le serait, il trouverait toujours, auprès de nous, le pardon et l’oubli de ses erreurs.

Après la fatale journée du 20 juin je quittai de moins en moins la famille royale. L’été de l’année 1792 s’écoula dans de cruelles angoisses. Nos craintes n’étaient pas vaines, et nos tristes prévisions devaient se réaliser pendant la nuit du 10 août.