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main les grenadiers de la garde nationale, rangés auprès de la table et qui, presque tous, faisaient partie d’un bataillon du quartier des Filles-Saint-Thomas demeuré fidèle à la Royauté.

Ce témoignage de confiance les toucha vivement, plusieurs s’approchèrent avec respect et obtinrent de la Reine la permission de lui baiser la main.

Pour mettre le comble aux outrages, les séditieux jetèrent sur la table un bonnet rouge. Ils exigèrent qu’il fût placé sur la tête de la Reine. M. de Witinghoff[1], maréchal de camp au service de France, le prit d’une main tremblante et le posa un moment sur la tête de cette Princesse. Pour satisfaire à la multitude, il fallut encore que cette dégoûtante coiffure souillât la tête de M. le Dauphin. La Reine me fit signe de céder à la volonté de la multitude : j’obéis. Mais M. de Montjourdain[2] et plusieurs officiers et gardes nationaux ayant observé que l’excessive chaleur ne permettait pas de laisser plus longtemps un pareil poids sur la tête du jeune Prince, je lui ôtai le bonnet rouge.

  1. Officier général d’origine autrichienne.
  2. Un des quarante-huit commandants de bataillons de la garde parisienne qui mourut révolutionnairement en 1794 et composa une romance avant de monter à l’échafaud.