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chait le Roi. Je l’ouvris, la Reine et sa suite s’y réfugièrent. Coupée artistement dans la boiserie, cette pièce n’avait rien qui la décélât. Les hordes séditieuses pénétrèrent jusqu’à cet endroit. En un moment, tomba sous la hache le lambris contigu à cette porte, mais, quoique le mur restât à nu, la porte ne fut pas découverte. Sans cette méprise, le dernier asile de la Reine était violé.

Toute correspondance entre le Roi et la Reine étant interceptée, ils furent quelque temps sans pouvoir rien apprendre de leur situation respective. En butte aux insultes de la populace, le Roi s’était vu réduit à la dure nécessité de laisser mettre sur sa tête l’infâme bonnet de laine rouge, coiffure et signal de ralliement des Jacobins.

Enfin l’ordre fut rétabli dans le château par la garde nationale, et Santerre, qui se trouvait présent, s’écria de dépit : « Le coup est manqué ! » Puis, étant monté à l’appartement : « Princesse, dit-il à la Reine, en frappant avec violence sur la table qui le séparait de Sa Majesté, Princesse, on vous trompe. Le peuple ne veut pas attenter à vos jours, je vous le dis en son nom.

— Ce n’est pas d’après vous que je veux juger le peuple français, c’est d’après les braves gens que voilà, répliqua la Reine, montrant de la