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une de ces mesures qu’un roi sage ne doit employer qu’à la dernière extrémité.

Jusqu’à la journée du 20 juin, rien de saillant n’apparut sous mes yeux ; mais en cette journée néfaste je fus mêlé de près à ces événements sanglants qui portèrent un coup dont elles ne se relevèrent pas, à la royauté et à la famille royale.

Tandis que la foule des séditieux s’était précipitée dans les grands escaliers du château et demeurait en présence du Roi et de Madame Élisabeth, j’étais enfermé avec la Reine, le Dauphin et quelques fidèles du trône, dans la chambre de la Reine. Tout à coup l’infortunée souveraine entend le tumulte qui redouble dans la pièce des Nobles, investie par la populace. Elle s’élance vers la porte en me criant : « Sauvez mon fils ! »

Je portai le jeune prince dans la chambre de Madame Royale. Mais bientôt j’apprends par madame de Tarente, dame du palais, que la reine s’est retirée dans l’appartement de son fils. J’y conduis aussitôt M. le Dauphin. À peine l’ai-je remis dans les bras de la reine que des coups redoublés se font entendre à la porte d’une chambre voisine. À ce bruit, je me précipitai vers un passage qui, de la pièce où la Reine se trouvait, communiquait avec la chambre où cou-