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retour de Varennes, j’admirais avec quelle résignation la famille royale supportait son nouveau malheur. La vie de Charles Ier était l’objet des lectures du Roi. La Reine consacrait une partie de sa journée à l’éducation de M. le Dauphin, de Madame Royale et d’une jeune orpheline, Ernestine Lambriquet, fille d’une femme de service de Marie-Thérèse, élevée auprès de la jeune princesse. Cette tendre mère se livrait aux détails de l’instruction et se donnait elle-même pour exemple de l’instabilité de la fortune et des grandeurs humaines.

Après quelques semaines d’une captivité tyrannique, il fut enfin permis à la Reine de se promener avec M. le Dauphin au jardin des Tuileries. Un jour qu’elle était moins surveillée, elle me fit l’honneur de me dire : « Le Roi et moi venons de refuser un secours de soixante mille hommes que l’Empereur mon frère nous proposait d’envoyer en France. Patienter encore, retarder, autant que possible, l’emploi de pareils moyens, nous parait préférable. L’irruption subite de troupes étrangères causerait d’inévitable désordres. Les sujets du Roi, bons et mauvais, en souffriraient infailliblement. L’assistance des étrangers, quelque amis qu’ils paraissent, est