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le Dieu de miséricorde de ne jamais vous laisser oublier les avis d’un père tendre. »

Quelque temps plus tard, j’étais auprès du Roi, en un jour mémorable, au retour de Varennes. Malgré la consigne qui interdisait à qui que ce soit d’entrer dans le jardin des Tuileries, j’étais parvenu à m’y introduire. Il avait été réglé que la famille royale serait reçue par la garde nationale, les armes renversées, et par le peuple, chapeau sur la tête. L’ordre fut exécuté ; seuls M. de Guilhermy, député de Castelnaudary et aussi, m’assura-t-on, MM. Bertrand de Montfort et Ménager, députés du Dauphiné et de Seine-et-Marne, eurent le courage d’avoir, au milieu de la foule, la tête découverte.

Une multitude immense mais silencieuse remplissait tous les lieux que traversa le cortège. Dans la voiture du Roi étaient la famille royale, la marquise de Tourzel et Barnave ; les deux autres commissaires, La Tour-Maubourg et Pétion, suivaient dans une voiture séparée. On a dit que le courage et le calme de la famille royale avaient fait sur Barnave une telle impression que, dès lors, il était revenu à de meilleurs sentiments : au moins, est-il certain que, pendant la route, ayant habituellement tenu M. le Dauphin sur ses