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Les assassins vomirent par tout le palais les imprécations les plus horribles.

Ces scènes de carnage, dont on ne saurait parler sans effroi, furent suivies d’une longue suite d’événements chaque jour plus douloureux pour la famille royale.

Des scènes touchantes et intimes offraient à l’intérieur du palais un contraste frappant avec la furie de ces scélérats, et le Roi, malgré ses préoccupations politiques, ne cessa pendant tout le cours des mois suivants de s’occuper de ses enfants.

Quelle consolation et quel courage je puisais dans le spectacle de ses vertus journalières ! C’est ainsi qu’en l’année 1790 j’eus le bonheur d’assister, alors que la France se couvrait d’imprécations contre son Dieu et contre son roi, à une cérémonie à jamais inoubliable : la première communion de Madame Royale. J’étais présent quand, le matin de cette cérémonie solennelle, la Reine l’ayant conduite dans la chambre du Roi, lui dit de se prosterner aux pieds de son père pour lui demander sa bénédiction. Louis XVI la bénit et la releva en prononçant ces paroles que je ne saurais oublier :

« C’est du fond du cœur, ma fille, que je vous