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sept heures du soir, le duc de Fronsac arriva à pied, et confirma que Paris était dans la plus violente agitation et que les barrières en étaient fermées. « Je n’ai pu sortir, ajouta-t-il, qu’à l’aide d’un travestissement et avec de grandes difficultés. Une fois sorti, j’ai cherché, en suivant des chemins de traverse, a côtoyer l’armée parisienne et à juger de sa force : je la crois d’environ dix mille hommes, la plupart régulièrement armés ; elle a des canons et marche en assez bon ordre. » Peu d’heures après, la tête des colonnes déboucha dans l’avenue du château. En cet endroit, M. de la Fayette fit faire halte à sa troupe, la rangea en bataille, lui fit réitérer le serment de fidélité à la nation et au Roi : il entra ensuite dans la salle de l’Assemblée. Les brigands armés de piques, des femmes venues de Paris, y faisaient des pétitions horribles ; les députés factieux y répondaient par des motions analogues.

À l’arrivée des colonnes parisiennes, le président proposa à l’Assemblée de se transporter auprès du Roi. Le côté gauche s’y refusa ; cette démarche lui parut contraire à sa dignité. « Malgré les événements dont le château est menacé, dit le comte de Mirabeau, le vaisseau de l’État ne voguera pas moins vers le port. » Le