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milice, en grande partie mal disposée, quitta ses postes et se retira. Le comte d’Estaing perdit dans cette soirée la réputation de bravoure que, du moins jusqu’alors, il avait conservée intacte.

Ambitieux, mais faible, le comte d’Estaing passa tour à tour d’un parti à l’autre, selon que l’intérêt ou la crainte l’y déterminait. Peut-être crut-il au triomphe de la faction d’Orléans : du moins ne fit-il rien pour servir la cause royale. Tour à tour il fléchit le genou devant les différents partis constitutionnels, jusqu’à ce qu’enfin, victime lui-même de son irrésolution, il porta sa tête sur l’échafaud.

Tout contribuait à livrer, sans défenses, aux malintentionnés le Roi et sa famille. Le départ de Leurs Majestés fut proposé par les comtes de Saint-Priest et de la Luzerne ; ils en prouvèrent l’urgente nécessité : M. Necker combattit leur opinion. Toujours entraîné par la considération du bien, et surtout par le désir d’empêcher l’effusion du sang, le Roi, adaptant l’avis du principal ministre, déclara que, dans un moment où sa présence paraissait nécessaire, il ne voulait point s’éloigner. Cependant il s’était fait quelques apprêts de départ. Déjà les voitures avaient été attelées et conduites aux portes de l’Orangerie