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nationale ne reste sous les armes qu’à cause de vous. — Nous attendons, répondirent les chefs, le retour de M. le duc de Guiche[1] qui est chez le Roi. — Mais pourquoi vos sabres nus ? cette attitude menaçante entretient la méfiance et l’inquiétude. » Aussitôt l’ordre fut donné de remettre les sabres dans le fourreau. Cependant le duc de Guiche arriva. Il mit la troupe en marche : elle défile devant la garde nationale. Lorsque les premières compagnies furent passées, quelques soldats de la garde nationale firent feu sur la dernière, tuèrent deux chevaux et blessèrent un garde du corps. La troupe rentra dans les murs du quartier, elle s’y rangea en bataille. Un particulier accourut : « Sortez vite de l’hôtel, s’écria-t-il ; il n’y a pas un moment à perdre ; j’ai vu les canonniers s’atteler aux canons et se diriger de ce côté. »

Sur cet avis, et par l’ordre du duc de Guiche, les gardes du corps revinrent au château ; mais, pour éviter une nouvelle provocation de la garde nationale, et le choc qui l’aurait infailliblement suivi, les escadrons sortirent par la porte de la rue de l’Orangerie, et allèrent se ranger en bataille

  1. Plus tard duc de Gramont, capitaine des gardes de Louis XVIII qu’il suivit pendant toute l’émigration.