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trophé de ces mots par un groupe de femmes : « Va dire au château que bientôt nous y serons, pour couper la tête de la Reine. »

Le bruit du tambour battant la générale, le son lugubre du tocsin, les hurlements féroces des brigands et de ces mégères que les halles de Paris avaient vomies, les ténèbres de la nuit que la pluie et le brouillard rendaient encore plus épaisses, l’incertitude et l’irrésolution répandues dans le château, tout effrayait l’imagination et la remplissait des plus sinistres présages. Les gardes du corps étaient montés à cheval dès trois heures de l’après-midi.

Rangés sur la place d’armes, ils faisaient face à l’avenue de Paris et masquaient la grille. À droite, la garde nationale de Versailles occupait les anciennes casernes des gardes françaises ; à gauche, et au débouché de l’avenue, étaient le régiment de Flandre, les chasseurs des Trois-Évêchés et les hussards de Berchiny. Entre quatre et cinq heures, un coup de fusil tiré du milieu d’un peloton de séditieux cassa le bras d’un lieutenant des gardes du corps, M. le marquis de Savonnières. Le premier mouvement de la troupe fut de charger les rebelles ; mais quelques mots prononcés par l’un des officiers supérieurs, sur la position critique