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furent-elles hors du château, qu’un nouveau groupe de femmes força l’entrée des cours. Elles entraînèrent un brigadier des gardes du corps, et malgré toutes les résistances, pénétrèrent dans le cabinet du conseil ; le Roi n’y était plus. Elles s’exhalèrent en mauvais propos et s’obstinèrent à vouloir parler à Sa Majesté. On leur dit que la députation, qu’elles avaient dû rencontrer, avait un ordre écrit de la main du Roi pour l’approvisionnement de Paris : elles persistèrent. On ne parvint à s’en défaire qu’après de longs pourparlers. L’une d’elles en se retirant, commençait à crier : « Vive le Roi ! » Une de ses compagnes lui ferma brusquement la bouche : « Tais-toi, lui dit-elle ; ce n’est pas là ce qu’il nous faut ! » La demande de pain n’était, en effet, qu’un prétexte. À chaque instant arrivaient au palais de nouveaux rapports. D’après l’un, c’étaient des hommes ou des femmes de la cour à qui, dans leur route, les colonnes parisiennes avaient annoncé le projet de venir enlever le Roi et sa famille. Suivant un autre, c’étaient des députés du côté droit, évêques, curés, gentilshommes et membres du tiers-état, que les brigands, armés de piques, avaient insultés dans l’avenue. D’une autre part, c’était un garde du corps, qui, revenant à cheval, avait été apos-