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enfin de l’agitation qui régnait dans l’Assemblée. Après avoir lu la lettre de M. de Saint-Priest, le Roi dit à M. de Cubières[1] et aux personnes qui étaient présentes : « J’apprends qu’il y a du tumulte à Paris, et que des troupes de femmes viennent me demander du pain. Peuvent-elles croire que, si j’en avais à ma disposition, j’attendisse leur demande ? » Aussitôt Sa Majesté reprit le chemin de Versailles.

À peu de distance de la ville, on l’avertit que l’armée parisienne approchait. Le Roi, étant arrivé au château, fit appeler ses ministres, et conféra avec eux. Des courriers furent dépêchés vers Paris ; ils trouvèrent les passages interceptés. On les arrêta, on les fouilla, on saisit sur eux les lettres du Roi et de ses ministres ; elles furent lues publiquement à l’Hôtel de Ville.

Entre cinq et six heures, à travers un brouillard épais, on entrevit, dans l’avenue de Paris, une multitude de femmes ; elles se dirigeaient vers le château. Sur la nouvelle de l’approche des troupes parisiennes, on battit la générale, on ferma les grilles des cours. Les gardes du corps

  1. François, marquis de Cubières, premier écuyer du Roi, frère du fameux démagogue Dorat-Cubières, dont il ne partageait aucune des convictions et qu’il traitait de frère « éloigné ».