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vite. J’ai trouvé dans madame Collignon[1] beaucoup d’affabilité. J’ai tâché de suivre cette méthode dont je vous ai souvent entendu parler et plus souvent encore dont vous m’avez donné l’exemple. J’ai écouté et laissé parler.

Pour finir ma journée, j’ai vu de ma chambre les princes qui folâtraient devant le roi comme nous jadis devant bon-papa.

14 juillet. — Le Roi a chassé. Pendant ce temps je suis sortie dans le parc avec André. Nous avons visité les cascades, lieu charmant où malgré la chaleur affreuse de midi nous soutiens une agréable fraîcheur émanant des eaux jaillissantes que l’on faisait jouer pour les préparer au lendemain, jour de la Saint-Henri. Nous avons prolongé notre promenade dans des endroits sombres par la hauteur des arbres qui s’y trouvent. Là, nous avons assisté aux exercices d’un jeune écuyer de la Dauphine, M. O’Héguerty[2] qui, fier de son talent, domptait un jeune cheval destiné à la Princesse.

15 juillet. — Au milieu de la belle fête dont j’ai fait un petit récit à Bonne maman, mon esprit y était à peine. le regrettais ma campagne si calme où j’ai si souvent goûté le bonheur d’être à moi, le bonheur de la réflexion… et par dessus tout, celui d’être avec une mère que je chérirai toujours.

16 juillet. — Ma journée a été employée utilement pour ma layette et pour me délasser des fatigues d’hier. La seule chose dont je puisse vous faire mention est quelques instants passés avec M. O’Héguerty, jeune homme étourdi selon l’opinion de ses camarades. M. O’Héguerty ne veut pas se marier. On croit dans le monde que c’est pour jouir de sa liberté. Point du tout, ce jeune homme connaît le monde depuis sa tendre jeunesse. Il ne

  1. Première femme de chambre de la duchesse d’Angoulême.
  2. Le vicomte O’Héguerty, écuyer cavalcadour de madame la duchesse d’Angoulême, fils du comte O’Héguerty, écuyer-commandant du Roi.