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qui, élevé loin du monde, peut trouver son bonheur dans une morale simple et pure en même temps qu’il ignore la perversité, le désordre affreux dont le récit n’est qu’un scandale. Voilà, bonne mère, les pensées qui m’ont occupée ce matin.

Ce soir, j’ai vu le roi, le dauphin, la dauphine et madame de Berri. Comme cette dernière courait avec son chien ! Comme elle semblait contente de sa liberté ! Cette promenade de nos princes ressemblait beaucoup à une réunion de famille. Et cela me fit plaisir pour eux…

9 juillet. — Ce matin, j’ai visité le Trocadéro. C’est un endroit du parc fort élevé, distribué dans le genre d’un jardin anglais entouré d’un treillage.

Au milieu est un pavillon en coutil bleu chamarré en dedans de diverses couleurs et meublé de sophas, fauteuils et tables champêtres.

Plusieurs fontaines se trouvent sur le Trocadéro qui est cependant un lieu assez aride. On remarque aussi un autre petit pavillon d’une forme chinoise ouvert d’un seul côté et dirigé sur une machine où le jeune duc de Bordeaux s’exerce à tirer au pistolet.

Une grande quantité d’arbres sont étiquetés, même les plus communs de nos forêts. Sans doute cette méthode est pour instruire nos jeunes princes du nom de chacun de ces arbres.

Rentré au château, j’ai reçu la visite de M. de Trogoff, gouverneur de Saint-Cloud. C’est un homme qui m’a semblé assez simple. J’ai vu aussi M. de la Bourdonnais[1], qui est entré un instant, en sortant de chez le roi. Je laisse à vous, ma bonne mère, le soin de le juger. Sa démarche est fière, ses questions brèves. Au reste il a été poli. J’avais à faire une visite de redevance qui me tenait fort à cœur. Je me suis donc costumée pour la rendre au plus

  1. Le comte Arthur de La Bourdonnaye, gentilhomme de la chambre du Roi.