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Lettre de Madame la baronne Hüe à Madame, duchesse d’Angoulême[1]
Madame.

J’étais prévenu par les médecins sur l’extrême danger de mon mari. Lui seul en ignorait la gravité, quand une note insérée dans les journaux est venue le mettre dans le secret de sa situation et le frapper de la plus douloureuse pensée en lui faisant connaître qu’on désignait à ses places un autre que son fils. Serait-ce donc le sinistre présage d’un malheur dont M. Hüe et sa famille seraient menacés ? Si, ce que je ne puis croire, telle était la détermination du Roi, je sais qu’il faut respecter ses décrets, en silence, mais je dois recourir à la prière et faire connaître à Madame que, lorsqu’originairement mon mari fut nommé a la place de premier valet de chambre de Louis XVII, alors dauphin, il était absent et que cette faveur, non sollicitée, fut l’effet de l’estime et de la confiance éprouvées du Roi et de la Reine, et de la conviction qu’ils avaient du dévouement de M. Hüe pour ses augustes maîtres, ainsi que des qualités, je dirais même des vertus qu’exigeait cette place.

M. Thierry[2] avait occupé le même poste auprès du roi Louis XVI, encore enfant, ce qui l’a naturellement porté à celui de premier valet de chambre du Roi. La justice de Sa Majesté l’a rendu à son fils, ainsi que l’intendance du garde meuble de la couronne. M. le comte de Blacas avait offert à M. Hüe, en dédommagement de la place de tréso-

  1. À peine Hüe avait-il quitté la Cour pour n’y plus revenir, que le Roi chercha, sollicité de toutes parts, à disposer de ses charges dont son fils avait cependant promesse de survivence. C’est alors que madame Hüe écrivit en ces termes à Madame.
  2. Thierry, baron de Ville-d’Avray, dont il a déjà été parlé plus haut.