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Je finis par où j’aurais dû commencer, je veux dire la protection dont le Roi daigne t’honorer.

Sa Majesté a bien voulu te recommander encore dernièrement à M. le comte de La Châtre, son ministre confidentiel auprès du gouvernement britannique. Un beau jour, celui de ton avancement peut-être, luira peut-être pour toi, mais il faut l’attendre. Un roi sans trône, sans pouvoir, recevant un asile chez des étrangers, exige par le respect que doivent lui porter ses fidèles sujets dont je vois, avec plaisir, que tu fais nombre, qu’on ne compromette pas une dignité que le plus simple délai à lui accorder une demande juste, ne peut que compromettre infiniment. Ne perds donc pas courage, et sois assuré que ton bon père qui est aidé de quelques appuis, veille sur toi. Ce ne serait pas au strict devoir de ma part, que ta bonne conduite me porterait à ne rien négliger pour ton avancement. Une circonstance amenée par le hasard a fait que le Roi a pris connaissance de ta lettre et ma réponse. Madame duchesse d’Angoulême en a pris aussi connaissance et je suis en droit de t’assurer que tu t’es acquis des titres à leur bienveillante affection. Ton ami Perronet[1] va être forcé de quitter le service d’Autriche d’après un ordre de l’empereur d’Allemagne qui enjoint à tout français à son service d’aller servir sous les drapeaux de l’usurpateur. Ô honte éternelle pour ce monarque ! Je crois que Perronet passera en Suisse et que son père essayera de le placer au service de Sa Majesté britannique. Adieu, mon cher enfant, je te serre encore contre mon cœur. J’omettais de te dire que tu es inscrit au bureau de la guerre sur la liste des postulants. Le nombre en est de 80. M. le comte de La Châtre suivra ta demande. Ainsi je t’invite de nouveau à la patience.

  1. Fils du premier valet de chambre du Roi, plus tard, premier valet de chambre lui-même.