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Brie, elle s’était vue transportée au milieu de la Cour de France :

« Ma première présentation, nous disait-elle, fut pour madame la duchesse d’Angoulême. L’aspect austère et la parole rude de Madame la Dauphine me glacèrent immédiatement d’effroi. Par ces simples mots, sèchement prononcés, elle m’accueillit froidement :

» — Je vous salue, madame. J’ai pour votre belle-mère infiniment d’amitié. Vous, je ne vous connais pas encore, mais je vous prie de la rendre heureuse, sans quoi, je vous en voudrai !

» Après les services qu’elle avait reçus de mon beau-père, je m’attendais à quelque mot plus affable, et je me retirai sans gaieté dans le cœur. Cependant, par la suite, les bontés de Madame la Dauphine me rapprochèrent d’elle et je connus enfin qu’elle célait, sous de mâles apparences, les attraits d’un cœur dévoué.

» Tout autre fut ma première entrevue avec madame la duchesse de Berri. Alors que les douairières des Tuileries blâmaient ses allures franches et libres, elle était adulée de toute la jeunesse du château. Je brûlais de la connaître, quand l’occasion me vint bientôt servir à souhait. Je rendais, un jour, visite à sa première femme de chambre, madame de Vathaire[1]. Cette dame, d’un grand mérite, ne cessait de m’exalter les qualités de la Duchesse.

  1. Joséphine Gauné de Cazau, femme de Paul de Vathaire du Fort, première femme de chambre et favorite de la duchesse de Berri.