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pourrai pas y aller cet hiver si vous ne me faites pas faire une paire de platines, celles qui sont à mon fusil, qui, du reste, est très bon étant en trop mauvais état, et qu’il ne se trouve pas un armurier dans toute la Sicile qui y soit capable de faire les pièces qui y manquent.

Adieu, mon cher papa, témoignez à tous mes amis combien je suis sensible à leur souvenir et soyez sûr que ma conduite sera telle que vous le désirez.

Nous passons toujours les nuits sous les armes dans l’attente du général Murat qui nous a menacés de sa visite. Adieu, je vous embrasse tendrement.

andré hüe, lieutenant.

François Hüe répondit à son fils, dans les termes suivants :

Hartwel-House, Buckingham Shire 20 9-1810.
Hartwel-House, Buckingham-Shire, 20 novembre 1810.

Tu dois croire, mon cher enfant, que la résolution si noblement et si fortement énoncée par ta lettre du 23 août dernier flatte autant mon orgueil que mes principes de fidélité à la mémoire de Louis XVI et de très respectueux dévouement au Roi, qu’il faut espérer que la divine Providence replacera un jour sur le trône de ses pères. Non, tu ne dois jamais combattre sous les drapeaux de la rébellion. C’était et ce sera mon opinion jusqu’à mon dernier soupir. Et quand je te fis le tableau de la position pécuniaire si différente aujourd’hui de ce qu’elle aurait été sans notre exécrable révolution, quand je te laissais l’arbitre de ton sort, alors que je t’écrivais par cette lettre à laquelle tu réponds de manière à me convaincre que tu portes et porteras avec honneur un nom qui a pu acquérir un peu de célébrité et que je te transmettrai sans tache, alors, dis-je, que je t’écrivais