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cesse, pour lui donner de nouvelles preuves de son zèle, en lui procurant de correspondre avec sa famille, de donner de ses nouvelles et de recevoir des siennes. Madame, du moment où sa longue captivité cessa, daigna demander que mon père la suivit à Vienne. Mon père l’a suivie dans cette ville, ensuite à Mittau et, présentement, est à Varsovie avec Madame.

La description de ces faits que le fils de M. Hüe m’a mis sous les yeux est d’une exacte vérité.

marie-thèrèse.L’abbé edgeworth de firmont.
(Sceau en cire rouge de Madame, duchesse d’Angoulême.)
Varsovie, ce 1 octobre 1803.
Lettre d’André Hüe à François Hüe son père et réponse de celui-ci[1].
Trimestery, le 23 août 1810.
(Reçu le 25 octobre, répondu le 20 novembre. Note de François Hüe.)

Mon cher papa, j’ai reçu votre lettre, en date du 27 juin. Le malheur arrivé à ma chère maman m’a fait

  1. En 1810, François Hüe, voulant éprouver son fils qui guerroyait en Sicile, au service de l’Angleterre, ou voulant peut-être sacrifier a la plus chère de ses convictions, la plus chère de ses tendresses, lui fit une proposition pour le moins singulière : celle de servir sous les ordres de « Buonaparte ». Nous croyons devoir transcrire ici, sans commentaires, la réponse que lui fit son fils et la lettre de François qui suivit cette dernière. Elles sont la plus parfaite image de l’état d’esprit des émigrés, état d’esprit que nous pouvons à peine concevoir et que nous ne pouvons encore juger avec sérénité. Alors qu’on entend un Français de caractère aussi pacifique et doux que le fut M. Hüe, parler avec aisance de tuer Murat « comme une bête puante », et cela dans une lettre où, par ailleurs, il exprime les sentiments les plus chevaleresques, on conçoit mieux que jamais que le devoir, en matière politique, est de nature essentiellement « ondoyante et diverse ».