Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

personnes que le Roi demanda pour le suivre au Temple et la dernière qui lui fut enlevée le 2 septembre au soir. Enfermé dans un cachot pendant quinze jours, jugé, enfin rendu à la liberté, M. Hüe chercha par tous les moyens imaginables celui de servir de loin les infortunés du service desquels il avait été arraché. Son amour augmentant toujours avec leurs malheurs, il brava tous les dangers pour parvenir à la Conciergerie où la Reine reçut tous les jours par lui des nouvelles de sa famille.

Emprisonné une deuxième fois pendant près d’un an, à peine est-il libre qu’il trouva moyen de se rendre utile à Madame Royale et lorsqu’elle eût la liberté de se promener dans le jardin du Temple, M. Hüe qui avait loué un petit appartement dont les fenêtres donnaient sur le jardin, s’y montrait soir et matin, avec les personnes qui osèrent se montrer attachées à cette princesse. Le gouvernement jeta un voile sur ce culte des âmes sensibles et ne gêna point l’hommage silencieux et triste rendu par le malheur à la fidélité. Madame demanda au Directoire que M. Hüe la suivit.

Il quitta Paris avec elle, en emportant le juste tribut d’admiration que les révolutionnaires ne purent refuser à son courage et à son dévouement à ses maîtres. Il arriva à Vienne où Madame consentit à lui voir associer M. Cléry. En ne voyant aucune nuance entre eux, le public dût croire que les services qu’ils avaient rendus à la famille royale en France et leurs opinions ainsi que leur conduite pendant la révolution étaient également purs. Ce qui lui était réservé à Mittau ne devait pas lui faire oublier toutes les humiliations qu’il avait reçues dans la capitale de l’Autriche. Avec le titre d’une belle place que le Roi lui donna comme récompense, on n’a jamais voulu voir en lui qu’un commis, ou de M. le duc d’Aumont, ou de M. de Villéon, ou de M. de Thouvenay. M. le marquis de Bonnay, ancien membre de l’Assemblée constituante, s’est aussi permis la même prétention !!! Cette situation