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préparatifs, mais, très intéressé par les intentions du Roi, il avait soin de disposer sur la table les cartes de telle sorte qu’il pouvait, à première vue, reconnaître par la suite si on les avait maniées.

Louis XVIII et madame du Cayla allaient donc à leur partie. Longtemps, fort longtemps, ils demeuraient seuls. Enfin, la porte s’ouvrait. Hüe venait à nouveau quérir les cartes… On n’y avait point touché !

Il paraît que Louis, malgré son amour du jeu, s’abstenait de manier les cartes avec son bon frère d’Artois qui, fort vif, aurait pu lui répondre, en cas de perte, quelque parole peu convenable à la dignité royale. Est-ce le même motif qui le guidait avec madame du Cayla, qu’il invitait tout exprès au jeu ? Il est permis de ne le point croire[1]

Et c’est ainsi que madame André Hüe égrenait, comme les ave maria d’un chapelet, mille récits curieux ou plaisants sur les choses de l’ancienne cour. Quand elle nous avait conté ces anecdotes, qui ne nous paraissent point déplacées ici puisqu’elles se rattachent à la mémoire de François Hüe, elle nous faisait également connaître les impressions personnelles qu’elle avait éprouvées lorsque, subitement enlevée, à l’âge de vingt ans, aux campagnes de la

  1. Les derniers rapports qui unirent André à son maître sont au moment du décès de Louis XVIII. Il assista à ses derniers moments ; puis, comme à la suite de la terrible gangrène dont le Roi était mort, personne n’osait procéder à l’ensevelissement, Hüe voulut bien s’en charger et vaincre sa répugnance, pour le service du défunt.