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Lettre du maréchal Dutheil[1].

Monsieur, j’achève la lecture de votre intéressant ouvrage sur les dernières années de la vie d’un Monarque dont vous fûtes un des plus zélés serviteurs. Il n’est aucun français qui ne soit profondément touché de votre récit et lorsque dans un siècle nos neveux jetteront les yeux, sur cette sanglante époque de notre histoire, ils remarqueront, sans doute, que l’honneur français et l’humanité avaient encore des autels dans le cœur de quelques fidèles serviteurs.

Votre ouvrage sera un répertoire aussi utile qu’honorable à consulter pour les familles qui, sous Louis XVI, ont donné des preuves de dévouement. On regrettera néanmoins quelques lacunes que j’ose ne permettre de vous indiquer, parce que leur rétablissement donnera à votre ouvrage un nouveau degré d’intérêt.

On ne conçoit pas comment après avoir rendu compte de la lettre si honorable du chef de la Vendée[2], vous ayez passé sous silence la conduite si noble et si courageuse de la ville d’Orléans qui fut, quoiqu’on en ait dit, la seule ville qui ait osé réclamer la mise en liberté de madame la duchesse d’Angoulême.

Cette adresse était l’ouvrage d’un digne serviteur du Roy, M. de Mersen, ex-législateur, alors procureur général d’Orléans et, depuis, proscrit pour ses opinions royalistes au 18 fructidor.

Je sais, que ce vertueux citoyen a été présenté à Madame Royale, mais comme il est sans intrigue, à peine les journaux qui ont rendu compte de sa démarche, en parlent-ils aujourd’hui.

Il est digne, monsieur, des hommes qui approchent le souverain et madame la duchesse d’Angoulême d’appeler

  1. Vicomte Dutheil de la Rochère.
  2. Charette.