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il fallait pour tourner la place de Lille et n’être aperçu par aucune des sentinelles en faction sur les remparts, passer à travers des terres labourées qui étaient tellement mouillées qu’un de mes trois caissons s’embourba. Cet accident m’arrêta plus d’une heure et me causa les plus vives inquiétudes. Cependant, quoique avec beaucoup de peines et de fatigues, nous parvînmes à dégager ce caisson, je me remis en route et vers les six heures du matin je pus me présenter aux avant-postes anglais ; la, je remerciai les lanciers qui m’avaient escorté et je les priai d’accepter quelques pièces d’or pour boire à la santé du Roi, ce qu’ils me promirent de faire de bien bon cœur. Arrivé à Tournai je n’éprouvai aucune difficulté, M. le comte de Blacas m’ayant remis avant mon départ tous les passeports et sauf-conduits dont je pouvais avoir besoin. Descendu dans une auberge j’y appris que M. le duc d’Orléans y’était arrivé la nuit. Lorsque le Prince fut éveillé, je le priai de m’instruire sur la route que je devais tenir pour me rendre auprès du Roi ; Il me dit, sans néanmoins m’affirmer rien de bien positif, que je pouvais me diriger sur Ostende. Je fis donc réparer mes caissons qui étaient dans le plus mauvais état et, à peine à Tournai, je partis dès