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jusqu’à son nom, que j’allais lui écrire et qu’il lui porterait la lettre par laquelle je le prierais de leur donner les papiers nécessaires pour qu’ils ne fussent pas inquiétés. J’ai quelquefois affecté cette assurance et m’en suis bien trouvé. Ce fut à cette même poste, avant Lille, que j’éprouvai un très grand embarras par le refus que me firent d’abord les postillons de me conduire à Tournai contre mon premier dessein. Je parvins cependant à les y déterminer à la faveur d’un léger sacrifice d’argent. Les lanciers étaient dans la même auberge que moi ; l’un d’eux, au nom de ses camarades, me proposa de me servir d’escorte ; je ne balançai pas à accepter leur offre dans la crainte qu’un refus de ma part ne les blessât et ne compromît la sûreté des effets dont j’étais chargé, je fis venir du vin et, pour leur tenir compagnie, je bus plus de rasades qu’il ne m’était jamais arrivé de ma vie. Ils me prévinrent cependant qu’ils ne pouvaient m’accompagner que jusqu’au poste le plus prochain de l’armée anglaise dont une partie était sur la frontière. Je donnai aux gendarmes une gratification, que le Roi me dit depuis avoir été trop mesquine. Me voilà enfin en route sous une pluie battante et une nuit des plus obscures ; surcroît de difficulté :