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lieues, je n’étais pas à moitié chemin qu’un individu, qui était en chaise et que je ne reconnus pour être de la maison du Roi que lorsqu’il eut fait arrêter ma voiture, me remit une lettre écrite à la hâte par M. le comte de Blacas par laquelle il m’ordonnait de la part du Roi de me rendre en diligence à Tournai ou à Mons et me laissait carte blanche sur les moyens pécuniaires à employer pour sauver mes équipages.

Pour me conformer à cet ordre, lorsque je fus arrivé à la station où les chevaux rafraîchissent avant Lille, je dis aux gendarmes dont je n’avais eu qu’à me louer, que mes affaires m’appelaient momentanément à Tournai où je préférais me rendre et les invitai à me suivre ; mais, comme ils étaient déjà instruits de l’entrée de Bonaparte à Paris, ils me donnèrent des raisons de refus auxquelles il me fut impossible de ne pas me rendre. Le maréchal des logis de l’escorte me dit que quand ils étaient venus aux Tuileries ils ignoraient l’objet de leur mission, que préférant retourner en ce moment à Paris ils seraient arrêtés, chemin faisant, parce qu’ils n’avaient pas de feuilles de route. Je lui répondis sans hésiter que je connaissais beaucoup le commandant de la place de Lille, quoique de fait j’ignorasse