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le risque presque certain de faire décidément tomber la place au pouvoir de Bonaparte et de perdre les objets qui m’étaient confiés, que dans cette crainte je croyais me décider à prendre la route de Lille où je pouvais penser que le roi devait être ; sur ces entrefaites un courrier qui avait été expédié de Londres par M. le duc de la Châtre, ambassadeur de France en Angleterre, à M. de Jaucourt, ministre des Affaires étrangères, ayant appris à Montreuil-sur-Mer l’arrivée de Bonaparte à Paris, rebroussa chemin et vint à Calais dans l’auberge, il demanda à me parler et me consulta sur l’usage qu’il devait faire des dépèches dont il était porteur.

Dans l’opinion où j’étais que le Roi était à Lille, je l’engageai à aller les porter à Sa Majesté ; en même temps je le chargeai d’une lettre par laquelle j’informais M. le comte de Blacas de ma position à Calais. M. le comte de Cély écrivit aussi au Roi et me montra sa lettre par laquelle il approuvait beaucoup la résolution que j’avais prise de me rendre à Lille. Aussi dès le lendemain, je partis de grand matin sans éprouver aucun obstacle de la part des habitants de Calais puisque je restais sur le continent. La dernière des postes qui conduisent de cette ville à celle de Lille est de quatre