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C’est M. Hüe, qui a été enfermé au Temple avec le Roi. Il emporte avec lui la cendre de ses maîtres. Oserez-vous y porter une main sacrilège ?

Apaisés par ce discours, ils se retirèrent.

Arrivé à Abbeville, où je devais passer la nuit, je fus appelé à la préfecture, en m’annonçant que j’y coucherais. Je m’y rendis et fus introduit dans une pièce où, à mon grand étonnement, j’aperçus le Roi et plusieurs personnes de sa cour qui m’avaient suivi. Sa Majesté était calme. Elle m’adresse quelques paroles de bonté, me dit d’aller me reposer et de partir le lendemain de bon matin pour Calais où je n’arrivai qu’après avoir couru le risque de perdre deux barils remplis d’or, qu’il fallut remettre en état de continuer la route, après avoir ramassé les pièces qui s’étaient échappées et qui furent ramassées à une centaine près, ce qui retarde ma marche et me fit appréhender d’être atteint par les gens de Bonaparte.

Entré dans Calais, je remis la lettre du Roi a M. le comte de Cély, qui conféra avec le capitaine du port sur les moyens à prendre pour me faire passer en Angleterre.

Cet officier répondit qu’il s’y engageait, mais qu’il faudrait employer la force.

Je dis à M. de Cély que, dans ce cas, je courrais